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8                   UN RAYON DE SOLEIL.

    Rien ne m'échappe, rien.... excepté le secrel
    Par qui ce corps hier vivait, allait, pensait...
    Tantôt ces monuments sacrés où la souffrance,
    D'un prompt soulagement vient chercher l'espérance,
    Etalent sous mes yeux, font loucher à mes mains
    Ces mille maux hideux, juste effroi des humains;
    Mais mon cœur plus habile à dompter ses alarmes,
    Contre ces noirs tableaux ne cherche plus des armes.
    Sur son lit teint de sang, là le morne blessé
    Contemple avec stupeur son membre fracassé ;
    Le délire effréné, la menace à la bouche,
    Sous ses bonds convulsifs ébranle ici sa couche ;
    Là, l'agonie, aux traits crispés, contre la mort
    Lutte, ou bien résignée en son linceul s'endort;
    Oubliant sa douleur, plus loin la pauvre mère
    Sur ses enfants absents pleure et se désespère....
    C'est là que chaque jour il me faut, sans pâleur,
    Voir, entendre, toucher, sonder chaque douleur.


    0 science ! Jalouse et hautaine maîtresse,
    Quand un homme à les pieds vient jeter sa jeunesse,
    Tu veux que sans partage il s'abandonne à toi.
    Par de rudes essais lu fais passer sa foi ;
    Sans cesse à tes côtés tu le tiens en haleine;
    Et t'inquièles-lu s'il succombe à la peine ?..
    Heureux, quand, par hasard, pour prix de sa ferveur,
    Un jour il put de toi connaître une faveur !...


    Mais quoi ! je redis là ma plainte journalière !
    Quoi ! mon âme est déjà rendue à sa poussière !
    J'espérais, pauvre esclave, à la réalité
    Pour un instant ravir un peu de liberté;