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168 blissement de l'ordre public. Dans ces émotions populaires, su- bitement formées ; dans ces tumultes redoutables, et qu'on ne peut prévoir dans une ville qui renferme une population im- mense ) la milice bourgeoise se montra toujours avec un dé- vouement qui lui fit honneur. Ici , une troupe de furieux qui as- siège l'hôtel de l'Intendance n'est calmée que par la fermeté tranquille et réfléchie d'un citoyen , à la tête de son quartier. Là , une erreur grossière se répand dans le peuple , le transporte de rage, et lui fait prendre des torches incendiaires ; plus loin, il s'émeut, il court., il se met en fureur pour régler des jeux et des spectacles , dovit il ne connaît ni l'intérêt ni le plaisir ; des capi- taines de la bourgeoisie apaisent les uns, arrêtent les transports des autres, et dissipent l'égarement de tous. Leurs traits sont connus , leurs discours écoutés. Unissant à propos l'exemple du courage à celui de la modération, ils calment l'orage ; et la tempête, devenue moins violente , s'évanouit : l'artisan furieux retrouve sa raison à la voix de celui qui le soutint dans ses tra- vaux , et il sacrifie sans peine sa colère du moment à celui qui lui accorda chaque jour des secours et une occupation utile. Pour maintenir cette discipline et cette influence de la milice bourgeoise sur la tranquillité publique, le consulat , autorisé par les ordonnances des rois , a fixé un jour de chaque année pour la passer en revue ; et les divers quartiers ont profité de la circonstance où ils étaient assemblés , pour donner à M. To- losan de Montfort, commandant, un témoignage de respect et d'amour que tous les ordres de citoyens ont partagé. Le 30 avril 17&6, chaque pennonage , assemblé dès les sept heures du matin sur la place d'armes de chaque quartier, s'est formé , et s'est rendu ensuite à la place Louis-le-Grand. Tous les quartiers y étant arrivés avec leurs officiers à leur tête, ont formé un bataillon carré dans l'emplacement des til- leuls. Ce bataillon, composé d'environ cinq mille hommes en uniforme , aligné, et sous différens drapeaux, a offert un coup- d'œil symétrique et agréable. Le départ a été annoncé par trois boîtes ; à la première les troupes se sont assemblées , à la seconde elles ont porté les ar- meSj, et les chefs de division , porte-drapeaux et sergents d'es-