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plus innocent des hommes. 0 vous! qui formez ce groupe à ma
droite, citoyens, vous foulez à vos pieds les pavés où coula son
sang.
   « Ecoutez, écoutez , les derniers momens de Chalier sont
intéressans. Connaissez les dernières volontés de Chalier; Cha-
lier, par ma voix, va vous parler encore une fois ; citoyens ^
écoutez :

                     « De la prison , ce 16 juillet, à 4 heures du soir.

   « Mes chers frères et sœurs, je n'ai que ce papier pour vous
faire mes adieux quelques minutes avant ma mort pour la liberté.
Adieu, frère Ànloine ; adieu, frère Yalentin ; adieu , frère Jean ;
adieu, frère François; adieu, neveux, nièces, belles-sœurs,
beaux-frères , parens et amis ; adieu à tous, Chalier, votre frère,
votre parent et votre ami, va mourir, parce qu'il a juré d'être
libre, et que la liberté a été ravie au peuple de Lyon le 30 mai
1793 ; Chalier, votre ami, va mourir innocent ; vivez en paix ;
vivez heureux, si la liberté reste après lui-, mais si elle vous est
ravie, je vous plains bien. Souvenez-vous de moi; j'ai aimé l'hu-
manité entière et la liberté. Et mes nombreux ennemis et mes
bourreaux, qui sont mes juges , m'ont conduit à la mort. Adieu,
ma justification est dans le sein de l'Eternel, dans tous mes
amis , dans ceux de la liberté. J'embrasse tous ceux qui se rap-
pelleront de moi. Je vous aime, je les aime comme j'aime l'hu-
manité entière. Adieu! salut! je vais reposer dans le sein de
l'Eternel.
                                                  « CHALIER. »


  > Citoyens, n'ajoutons rien à ces faits, méditons-les en si-
   •
lence, pleurons, pleurons tous, et que nos larmes soient au-
jourd'hui notre seule éloquence.
  « Honneur à Chalier! Vive la république ! »
  Jusqu'ici je me suis contenté de raconter avec la plus loyale
impartialité les faits qu'il m'a été possible de réunir d'après des
documens authentiques ; mais je ne croirais mon travail qu'é-
bauché , je ne croirais avoir rendu à la vérité qu'un hommage
incomplet, si je m'arrêtais là-, car cette histoire que j'ai com-