Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                                            1S
        plus étroit à donner des preuves réitérées de son amour et de son zèle. L'occasion
        de le témoigner ne tarda pas à se présenter (1572) : un froid excessif glaça
        nos rivières, les moulins à blé qui sont sur le Rhône furent pris dansjes'glaces et
        leur mouvement arrêté. Le gouverneur , effrayé du danger qui menaçait la
        ville d'une prochaine famine par la disette des farines, employa un si grand nom-
        bre d'ouvriers à rompre les glaces, y assistant en personne le jour et la nuit
        malgré la rigueur de la saison, que contre l'opinion commune il la garantit d'un
        malheur qui paraissait iuévilàble. Madame de Mandelot voulut en cette occasion
         partager avec son mari la gloire de servir le public ; cette dame, dont la naisa
        sance illustre (1) ne servait qu'à relever l'éclat de toutes les vertus qui peuvent
         décorer son sexe, fournit des habits et des aliinens à un grand nombre de petits
         enfans que le froid exposait à périr, et fit allumer de grands feux dans plusieurs
         quartiers de la ville pour chauffer les pauvres pendant cet hiver rigoureux, le-
        quel fut suivi d'une grande cherté de bled et qu'ils accompagnèrent de libéralités
         proportionnées à l'étendue de la misère.
            Cette même année présenta une scène plus tragique. Le roi ayant résolu d'ex-
        terminer d'un même coup tous les hérétiques du royaitme qui le désolaient depuis
        plusieurs années, profita de l'occasion des noces de sa sœur avec le roi de Na-
        varre qui avaient attiré à Paris les principaux du parti, pour exécuter les funestes
        massacres de la St-Barthélemy. Les ordres d'en faire de semblables furent en
        même temps portés par tout le royaume ; Mandelot ayant reçu ceux qui lui
        étaient adressés, ne se porta à les mettre en exécution qu'avec une répugnance
        extrême ; car quelque désir qu'il eût toujours conservé de voir le parti huguenot
        anéanti, ces moyens sanguinaires ne furent nullement de son goût, ce qu'il té-
        moigna assez par les mesures qu'il prit pour n'en être pas témoin et éviter d'en
        paraître complice ; car après avoir fait enfermer un certain nombre de ces malheu-
        reuses victimes dans les prisons de Roanne et de l'Archevêché, et avoir déclaré
         l'intention de la cour, il s'absenta le jour (2) que se fit cette sanglante exécution
         et alla au faubourg de la Guillotière, accompagné du gouverneur de la Citadelle,
         sous prétexte d'arrêter quelques mutins qui s'y étaient retirés; étant rentré le
         soir dans la ville , il fut frappé d'horreur à la vue de ce carnage, et ayant assem-
         blé les principaux officiers de justice, il fit dresser en sa présence un procès-verbal
         sur ce qui s'était passé, et arrêta dès ce moment l'effusion du sang(3). Jean-Jacques

    ,      ( ï ) Elle étoit fille de Claude de Robertet, général de Normandie , et d'Anne Briconnet, et petite
         fille de Florimond de Robertet, baron d'Allaye , secrétaire d'Etat sous le roi Charles VIII. Cette fa-
j       mille étoit originaire de Monthrison et avoit donné deux, grands prélats à l'église d'AIby, Charles
         en l 5 l r , et Jacques, chevalier de l'église de Lyon , qui succéda à son frère en l 5 r 5 .
           ( a ) Cette exécution se fit le dimanche 31 août 1672, après m i d i , et fut appelée VÊPRES L Y O N -
         NOISES par allusion avec les MATINES PARISIENNES , qui commencèrent avant le jour.
           (3) Voici une lettre de Mandelot de nature à fixer nos idées sur son véritable caractère. Elle est ex-
         traite d'un manuscrit de la bibliothèque royale de Paris, dans lequel se trouve la correspondance
         du roi et de Mandelot de l568 à l 5 8 î .