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400 LE COMTE D'AVAUX
D'Avaux était éloigné de la France,, non seulement par
les distances, alors bien plus difficiles à franchir qu'aujour-
d'hui, et par l'extrême rareté des communications; il l'était
encore par la différence des mœurs et de la religion.
A Stockholm il perd un de ses secrétaires, et il écrit à son
père : « Pendant cella le pauvre Grossi est mort le
XX e jour d'une fiebvre continue. M. de Fleuri (l'aumônier
de l'ambassade) l'a assisté fort assiduement et avec toute
charité dont je suis bien content; je le suivis la dernière
fois qu'il luy porta Nostre Seigneur soubs le manteau, car
on ne sçaurait (faire) autrement in terra aliéna, du séjour
de laquelle je suis bien las, et de ne voir depuis huit ou
neuf mois aucune face de catholicité (25). »
Et on trouve, à ce sujet, dans le panégyrique du comte
d'Avaux par le prieur François Ogier : « Dans Stockholm
il fit enterrer avec toutes les prières et les cérémonies de
l'église catholique un sien secrétaire à la vue de tout le
peuple, avec l'indignation des ministres luthériens, mais
avec les larmes de quelques vieillards qui pleuraient de
joye de revoir l'image de la piété ancienne que le temps
n'a pas encore effacée de leur mémoire (26). »
En Danemark la différence avait paru moins grande.
« Les temples sont tout pareils à nos églises, et quand j'y
.ay veu des autels avec les images des saints à l'entour, le
chœur, la nef, un crucifix au-dessus, une chaire, des
orgues et des bancs disposés comme les nôtres, j'ay eu plus
de regret de l'erreur de ces gens-cy que des calvinistes qui
sont bien plus esloignés du bon chemin (27). »
(25) P . 76.
(26) P . 76, note.
(27) P . 43-