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398                      LE COMTE D ' A V A U X

que les boissons et les vivres à sa santé. L'ivrognerie était
alors très en règne parmi les Cours du nord. Son secrétaire
Noyer, écrivant un jour à sa place au sieur de Roissy, lui
parle des plaisirs de la cour de Danemark. « Qui veut s'en
mesler, dit-il, et conduire le bransie, il faut qu'il fasse estât
de prendre une dame de la main droite et un verre plein de
vin de l'autre, et en cette façon, vont à la cadence fort mo-
destement, puis vide son verre à la santé de sa dame (18). »
   Le roi de Danemark ne valait pas mieux que sa Cour :
« Il fait toutes sortes de débauches et avec excès, surtout,
il est invincible, le verre à la main, et en cet estât il ferait
teste à toute l'Allemagne (19). »

   La Pologne ne le cède en rien au Danemark. A propos
de GonschofTsky, palatin de Smolensk, qu'il reçoit avec
toute sa cour, d'Avaux écrit : « Ils furent traités in am-
plissima forma, et nous leur tinsmes teste depuis midy,
jusques à six heures du soir, sans quitter le champ de ba-
taille ; je ne vis jamais mieux faire (20). »
    Certains généraux suédois étaient célèbres pour leur
ivrognerie. De Meulles, un secrétaire de l'ambassadeur,
étant venu à Paris, le père Joseph lui demanda des rensei-
gnements sur Wrangel, et de Meulles écrit à d'Avaux :
 « le Père me demanda si je cognoissois Wrangel; je luy
 dis que vous vous estiés enivré en Prusse avec luy pour le
service du Roy, ou que du moins vous en aviez fait sem-
 blant, et que c'estoit un fort brave homme (21). »


  (18) P . 66.
  (19) P . 173, note 2 e .
  (20) P. 168.
  (21) P. 112.