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?94 LE COMTE D'AVAUX Le sieur de Roissy appartenait à une famille de robe. Devenu de bonne heure conseiller d'Etat, il aurait pu prétendre aux plus hautes fonctions; mais « il n'entendait ny n'estimait les affaires d'Estat à quoi il n'estoit ny nay ni norry que fort peu (2) ». Nommé conseiller honoraire en 1629, avant d'avoir atteint soixante-dix ans, il se retira dans son hôtel de la rue Sainte-Avoye, et y vécut dans une studieuse retraite jusqu'à l'âge de quatre-vingt-trois ans (3). C'est la correspondance du père et du fils que, grâce à la publication de M. Boppe, nous essayons de faire con- naître, en laissant, autant que possible, les deux auteurs parler eux-mêmes. D'Avaux, envoyé comme ambassadeur extraordinaire en Danemark, Suède et Pologne, quitta Paris le 11 juil- let 1634 e t s e rendit à Calais (4). Il écrit de là à son père : « Le vaisseau qui nous attend est à la rade à demy-lieue d'icy, car il craint la terre, et je m'en vais dans une cha- louppe jusques-là . L'autre jour quatre de mes gens y furent par curiosité, et en ce petit trajet ils ne laissèrent pas de rendre le tribut à la mer... Ils m'ont conté qu'il y a deux pièces de canon braquées dans ma chambre, l'un desquels est proche de mon chevet; si une fois ils tirent je suis sourd... « Au surplus, Monsieur mon père, je vous envoie mon testament, je vous supplie de me faire l'honneur de le garder ; il est cacheté pour la seureté des chemins, mais s'il vous plaist l'ouvrir vous estes le maistre ; vous ne verres (2) P. 27. (3) P. X-260, note i re . (4) P- 35-