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                        LA BOUCLE D'OR                        379

hasard, il n'y a pas à regarder de si près; aucun intérêt
de famille n'est en jeu, et peu importe, en somme, qu'ils
vivent ou meurent sous un nom d'emprunt ou sous un autre.
   Ainsi fut fait et tout marcha sans encombre. Il paraît
bien, cependant, que, les Pâques venues, lorsqu'il fallut
se rendre à confesse, les choses n'allèrent pas sans quelque
difficulté. Mais on se trouvait en face d'un fait qu'il eût coûté
gros de révéler, et personne, au surplus, ne semblait lésé
par cette substitution.
   Tel est le récit que fit, avec force digressions et dans
sa naïve crudité, la nourrice de la fillette qui avait pris
la place et le nom de la vraie Marguerite. Il est juste de
dire que, sous ces rudes dehors, sous ces âpres façons de
poursuivre le gain, qu'entretient et développe la dure con-
dition des montagnards, se trouvait un cœur de femme et
de mère. L'orpheline fut élevée comme les autres enfants
de la maison, et ce fut avec des larmes sincères que sa
nourrice se sépara d'elle plus tard.
   A mesure que la vieille parlait, M. Bonin sentait en lui
un poids se soulever et son cœur, si lourdement comprimé,
se dilater à l'aise. Jean l'attendait à la porte : lui répéter les
termes de l'entretien fut l'affaire d'un instant. Mais c'est
aux deux mères qui se disputaient Marguerite, qu'il impor-
tait de faire entendre cette révélation inattendue. Pour la
circonstance, on loua une voiture particulière, et, le soir
même, M. Bonin, Jean et la nourrice étaient à Lyon.


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  Il vous semble, n'est-ce-pas, que l'histoire va se termi-
ner ici ? Devant les révélations de la nourrice — que rien ne