Revue du Lyonnais » série 5 - n°4 ( 1887 ) » pp.274

                  LE
274                    DERNIER DES VILLEROY

   « Pour marquer son attachement infini à la personne du
Roy Louis le Grand, l'étoile du matin qui ne s'éloigne
jamais du soieil, ni à son levant, ni à son couchant, avec
cette devise:
               CUM SURGIT ET OCCIDIT, ADSUM

   « Pour exprimer les honneurs dont il a été comblé, un
de ces phénomènes qu'on appelle une étoile volante, avec
cette devise :
                 MULTA CUM LUCE CUCURRIT

   La flagornerie était-elle assez flagrante ? La flatterie assez
outrée ? Qu'eût-on fait ? à quelles extravagances la ville se
fût-elle livrée si le vieux maréchal eût été un héros ? si seu-
lement il eût servi utilement et honorablement la patrie ?
   Les peuples seront-ils donc toujours fatalement portés à
diviniser les hommes du jour, sauf à démolir et à brûler
bientôt les statues de leurs idoles ?

   « C'étoit un grand homme bien fait avec un visage fort
agréable, dit Saint-Simon, vigoureux, sain, qui, sans s'in-
commoder, faisoittout ce qu'il vouloitde son corps. Quinze
à seize heures à cheval ne lui étoient rien, les veilles pas
davantage... Parfaitement au fait des intrigues galantes de
la Cour et de la ville dont il savoit amuser le roi... Il étoit
magnifique en tout, fort noble dans toutes ses manières ;
grand et beau joueur sans se soucier du jeu, point méchant
gratuitement... glorieux à l'excès par nature, bon aussi à
l'excès pour peu qu'il en eût besoin et, à l'égard du roi et
de Madame de Maintenon, valet à tout faire... Propre à
donner les modes... Nulle lecture, nulle instruction... force
vent et parfait vide ; il traitoit avec l'empire le plus dur les
personnes de sa dépendance ; il est incroyable les traite-