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                            REVUE DU MOIS                              233

Et moi aussi, madame, répond galamment un membre du Jury, en
regardant de la tête au pied sa charmante interlocutrice. »
   X A ma place, Jean Sarrazin vous eût conté cela dans un sonnet.
Le sonnet pousse chez lui comme les églantines au buisson, et j'arrive
à croire qu'il exporte une partie de ses productions poétiques. Sans
doute il en sera parvenu jusqu'au Sud-Amérique, ce qui explique la
haute distinction dont il vient d'être l'objet.
   Quoi qu'il en soit, l'Étoile de Counani ne pouvait mieux tomber, et
le nouveau chevalier est de taille à se reconnaître envers le président
de la République Counanienne. Et, j'y pense, pourquoi M. Jules Gros
ne chargerait-il pas le poète lyonnais de libeller le texte de ses
diplômes et de remplacer la plate prose de chancellerie par quatorze
lignes, inégales de longueur et rimant entre elles?
  X S. A. le prince Mohamed, fils du bey de Tunis, a passé deux
journées à Lyon. Il a visité nos principaux monuments, nos musées,
quelques ateliers de tissage, le Parc et Fourvière ; mais il n'a pas semé
la moindre décoration. C'est bien peu connaître les mœurs des pays
démocratiques !
     X A vrai dire, couronnes et croix, pour recherchées qu'elles soient,
  ne constituent pas un titre sûr aux égards de nos contemporains.
     S'il faut en croire la seconde page de nos journaux, un comte
  Petrowiski de Blanckenberg, en serait réduit à mendier sur un de nos
  ponts. Le fait n'est point impossible, mais paraît extraordinaire. Si,
  comme on dit, le noble mendiant a vaillamment porté l'épée dans la
  guerre de l'indépendance polonaise, s'il a, depuis, occupé un poste
  important dans un établissement industrieldu bassin de la Loire, on
  s'explique mal que de tels services ne l'aient pas sauvé d'une aussi pro-
  fonde déchéance. Pour ma part, j'ai toujours pensé que les licenciés qui
  poussent des vagons dans les gares ou les prêtres défroqués qui con-
. duisent des fiacres à Paris, ne font ces besognes que parce qu'elles ne
  leur déplaisent pas trop.
  X Quand nous aurons noté la présence du général Boulanger à
Lyon, tout aura, je vois, été dit sur les événements du mois. Ce voyage
aura appris aux Lyonnais qui l'ignoraient qu'une partie de notre garnison
militaire appartient au 13e corps d'armée, et au général qui s'en doutait
un peu qu'il se trouve des badauds, ici comme partout.
                                                               M. J.