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SOUVENANCES DE 1828 A 1848 163 A Marseille, tous mes contemporains ont connu la maison Salavy, comme une des plus cordialement accueil- lantes ; madame Emma et sa fille Anaïs, enlevées trop tôt à leurs amis, .n'ont pas été remplacées. A Clermont, les jeunes ingénieurs étaient reçus comme des enfants de la maison, chez les dames Blot et Baudin, et dans la famille Guillaume, dont la fille, madame Kermaingant, chantait comme la Malibran. Son mari, notre camarade, avait refusé pour elle un engagement de cent mille francs par an à l'Opéra, et c'est gratis que nous l'entendions tous les jours, chanter les mélodies de Schubert alors dans leur nouveauté, et beau- coup d'autres choses encore. Elle avait de particulièrement remarquable, qu'elle chan- tait sans préparation et sans fatigue, comme chantent les oiseaux ; après une journée de campagne très mouve- mentée, elle se mettait au piano et sa voix avait toujours autant de fraîcheur; je crois qu'elle ne s'enrhumait jamais. A Compiègne les Marcilly, à Anduze les Mirial, à Pontoise les dames d'Arquinvillier et Dejean, avaient un accueil empressé pour tous, et tous étaient empressés d'en profiter, car ils y trouvaient ce qui rendait les réunions agréables : jeunesse, esprit, beauté et par-dessus tout, la plus grande simplicité. Il en était de même à Versailles, chez les Franchet d'Esperay ; toujours à leur foyer on rencontrait leurs char- mantes filles : Marie, piquante et jolie brune, la blonde et séduisante Marguerite, puis Angèle, la gracieuse Antigone de son vieux père aveugle, véritable type de l'homme aimable et distingué.