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                        ET SA FAMILLE                       III

ment d'avoir développé outre mesure cet orgueil et cet
amour de lui-même qui font tache dans la vie du grand roi.
Ne recevant de son gouverneur que des leçons de bonne
tenue et de maintien, habilement plié à faire son métier de
roi, persuadé que la France lui appartenait, hommes et biens,
il se préparait, avec les leçons qu'il recevait, à entrer au Par-
lement un fouet a la main et à remplacer la justice, l'huma-
nité et le droit, par la puissance, la volonté et le bon plaisir.
    Quand le magnifique élève voulut payer les leçons de
son gouverneur, il ne trouva qu'un moyen de s'acquitter et
il le fit royalement. La terre de Villeroy, près Paris, fut
érigée en duché-pairie. On n'eût pas aussi bien récom-
pensé un Turenne ou un Condé. \
    Cependant, par une de ces aventures qui ne se voient
qu'autour des trônes et dont le public ne sait ni le prétexte
ni la raison, les lettres de nomination, accordées en sep-
tembre 1651, ne furent enregistrées que douze ans plus
tard et ce ne fut que l'année 1663, après la majorité du roi,
que le gouverneur fut officiellement investi de sa brillante
dignité. C'est par conséquent de cette époque seulement
que l'ambitieux maréchal vit combler ses vœux les plus
ardents. Il avait mis d'ailleurs le temps à profit et avait
obtenu successivement la charge de chef du Conseil des
finances et le cordon du Saint-Esprit.
    Mais en songeant à lui, Villeroy n'oubliait pas sa famille.
Un fils lui était né le 7 avril 1644. De six ans plus jeune
que le roi, cet enfant, d'une rare beauté, élégant, fin et
spirituel comme son père, fit les délices de la Cour, et fut
bientôt attaché à la personne du jeune souverain. Si le roi
fut élevé dans la pensée que les princes sont formés d'une
autre pâte et d'un autre sang que leurs sujets, le jeune page
comprit bien vite aussi que les grands de la Cour sont d'une