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90 L'AMPHITHÉÂTRE DE LUGDUNUM « en spectacle au peuple. Puis, après les avoir interrogés « de nouveau, tous ceux qui furent reconnus citoyens « romains eurent la tête tranchée (35). » Rien de plus. Et, en effet, un coup d'épée est si vite donné. Aussi, ne comprend-on guère que l'on ait pu s'au- toriser de ce document pour affirmer que les martyrs furent décapités devant l'autel d'Auguste. La lettre ne dit rien de semblable, et tous les autres documents vont nous démon- trer qu'il faut placer ailleurs le lieu qui fut arrosé de leur sang. C'est d'abord Grégoire de Tours, qui nous dit : « Le lieu « où ils ont souffert la mort est appelé Athanaco, d'où vient « que quelques-uns les appellent les martyrs d'Athana- « cum (36). » Ce passage de la Gloire des martyrs, reproduit par Adon, archevêque de Vienne, au ix e siècle, dans son Martyro- loge (37), confirme, avec la plus grande précision, la tra- dition constante de l'Église de Lyon, qui a toujours rendu à Ainay un culte à ses martyrs. Mais évidemment, en s'exprimant ainsi, Grégoire de Tours n'entendait point parler des martyrs qui avaient souffert dans l'amphithéâtre, puisqu'il n'existait point d'amphithéâtre à Ainay, mais seu- (35) Prœses beatissimos martyres ad tribunal adduci jussit, tanquam in theatrali pompa eos populo ostentans. Cumque illos denuo interro- gasset, quicunque cives Romani reperti sunt, capite truncati surit (ch. 20). (36) Locus autem ille in quo passi sunt Athanaco vocatur ; ideoque et ipsi à quibusdam vocantur Athanacenses (De gloria martyrum, XLIX). (37) Quia locus in quo passi sunt Athanaco vocatur (Martyr ologium, 2 junii).