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                           REVUE DU MOIS                              75
vantage le banquet, et, pour l'itinéraire, je vous renvoie à la brochure
du baron Raverat, ce dont vous ne pouvez manquer de me remercier.
  Une mention pourtant, une seule, pour un poète du cru, dont les
vers ont célébré la vapeur et le progrès, et vous,
            Remarquables préfets de la Loire et du Rhône...
            Conseillers généraux, à Vardeur généreuse
            Oui vous a fait voter une somme onéreuse...
            Massicault, de Tunis résident général,
            Qui pour nos intérêts s'est donné tant de mal.

   Le poète accompagne son ode sur les « deux fifres de Mornant »,
et, de son gosier pavé de bonnes intentions, les accents ont peine à
dominer le tonnerre des applaudissements, qui grandit à mesure que le
ton de l'orateur s'élève.

   >C Au moins, toutes ces fêtes se passent-elles extra muros et au
milieu d'une fraîcheur relative. Mais le 14 juillet!
   Me préserve le ciel de narguer les héroïques citoyens qui, après avoir
aspiré la poussière de la revue, vont haleter aux régates, puis humer
la fumée des lampions et des fusées ! Moi, j'ai toujours faibli à la seule
pensée de tels exploits.
 , De vrai, autant qu'un autre je crois aimer mes semblables — mais
non à l'état de foule. La foule, c'est toujours laid, rarement spirituel,
et rien ne rappelle moins un bouquet de fleurs. J'en appelle aux dames.

   >{< Deux jours après, festival ministériel : M. Spuller venait présider
la distribution des prix aux élèves de l'école La Martinière.
   Si jamais un portefeuille m'a paru peu enviable, c'est bien ce jour-là.
Jugez donc : passer la nuit en voiture, à l'arrivée subir une réception
avec harangues et musique, à midi déjeuner officiel, puis visite au lycée
et à une des nouvelles écoles, à quatre heures présider une distribution
de prix et faire un discours, dîner à sept heures, en compagnie de trois
cents personnes auxquelles il faut servir un nouveau discours, et repren-
dre le chemin de fer à minuit.
   Simple réflexion. Où et quand un ministre peut-il trouver le temps
d'ouvrir son portefeuille ?

  >j< Autre réflexion. D'ordinaire, un ministre emporte du ruban
rouge dans sa valise. Il est à présumer qu'au lendemain du 14 juillet,