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70                          BIBLIOGRAPHIE

   Les lin:ites forcément restreintes de ce compte rendu ne nous per-
mettent pas de suivre Fauteur dans les considérations intéressantes que
lui inspirent l'examen des sources du droit de propriété, l'histoire de
ses démembrements et notamment celle de la propriété féodale, des
justices seigneuriales, de la censive et des autres tenures à charge de
redevance. Bornons-nous à signaler particulièrement le dernier cha-
pitre du livre I e r où M. Beaune explique les causes qui ont amené la
chute définitive de la propriété féodale à la fin du XVIIIe siècle, et con-
clut par cet aperçu aussi neuf qu'exact : « On peut affirmer que la féo-
dalité succomba moins à la haine qu'inspirait le fief qu'aux avantages
mêmes originairement stipulés au profit de la censive. Si, au lieu de se
contenter d'une simple redevance, les bailleurs à cens avaient exigé le
paiement d'un capital, ils n'eussent pas fourni à leurs adversaires les
arguments que reproduisent aujourd'hui les socialistes en déclarant le
fermage un reste de l'usurpation féodale et en soutenant que les dettes
de l'usine, devenue la propriété indivise des ouvriers, peuvent être rem-
boursées par la simple prestation des intérêts. »
   Le livre II est consacré tout en entier à l'exposé historique et critique
d e l à Condition des biens dans la famille, sujet d'un intérêt capital, car
nos institutions coutumières en matière de succession, d'institution
contractuelle, de communauté légale ou conventionnelle, de testament,
sont encore aujourd'hui, malgré l'abolition des choses de l'ancien
régime et les changements qui en ont été la suite, la racine de notre
droit moderne. Ici encore, le savant auteur a retracé de main de maître
la physionomie de notre vieux droit coutumier, alliant à une érudition
exacte et sûre l'esprit historique et l'esprit philosophique. La conclu-
sion du livre met en évidence le caractère essentiel de la coutume,
l'idéal que poursuivait d'instinct la collection d'intérêts d'où elle est
sortie : à savoir, l'union au sein du groupe familial, mais l'union gou-
vernée et servie par un chef. « Défendre la famille, son gouvernement,
et par suite l'harmonie de ses membres contre les causes diverses qui
pouvaient l'altérer a été, chez les roturiers comme chez les nobles, le
premier souci de la coutume; le droit d'aînesse lui-même, que l'on
regarde aujourd'hui comme le principal objectif de la liberté de tester,
quoiqu'il en soit la négation, ne se serait pas établi sans la nécessité de
 créer l'unité de pouvoir et de protection, non seulement au sein de la
 société domestique, mais encore parmi les vassaux du fief, dans l'asso-
 ciation féodale. A cet égard, la conviction publique, trompée par les