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                       ET SA FAMILLE                       25

billets, argent donné sans reconnaissance que pour appoin-
tements. »

  A la suite : « Intérêts au denier 20. » Approuvé.

   Dire tranquillement à un Conseil de famille qu'on a
prêté à son maître défunt,' qui ne peut contredire, 22,000
livres de la main à la main, sans preuves, ni titres, ni reçus
et voir ses comptes acceptés, c'est beau, splendide, pour
un intendant de grand seigneur !
   D'autres sommes sont aussi curieusement fantastiques et
nous n'avons parlé ni des gros achats, ni des réparations,
ni des intérêts à payer, des rentes ou des pensions, des
mille charges qui écrasaient les plus hautes fortunes. On
faisait grande figure dans le monde ; on tenait table ou-
verte, on avait un peuple de parasites et de courtisans,
d'écrivains louangeurs, d'amis serviles, de fournisseurs, de
domestiques et de laquais. On devine ce que tout.cela
devait coûter.
   Et où prenait-on les revenus nécessaires à ce luxe exor-
bitant ? Dans quelle bourse puisait-on sans relâche et à
pleines mains ? On avait des charges à la Cour et des em-
plois largement rétribués. Le Gouvernement de Lyon était
inépuisable. On avait pour soi le prévôt des marchands,
une créature qu'on avait fait nommer et qui appartenait
corps et âme à Monsieur le duc. On réglait les comptes
entre soi, sous la cheminée, sans témoins et sans contrôle;
trop heureuse la Ville d'avoir un si noble et si puissant
protecteur !
   On ne demandait qu'une chose au ciel, c'est qu'il per-
pétuât une famille sans laquelle notre ville n'aurait pas pu
exister.