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390 ANNIBAL ET LE.RHÔNE. ignorée de Chabons à Bourgoin, seule héritière aujourd'hui du lit bourbeux d'un grand fleuve, conservera l'épilhète de Scoras qui sera bientôt traduit par le vieux français bourbe ou bourbre. Nous n'avons pas la prétention de convaincre lout le monde de l'existence de la rivière Scoras, du delta de Polybe, rétréci dans une partie des arrondissements de Vienne et de la Tour- du-Pin, et encore moins de ce long et large plateau qui des Avenières, de Brangues et de Montaiileu allait s'appuyer aux montagnes du Bugey et s'étendait jusqu'à Lyon. Un pareil déplacement de terres doit leur paraître une énormilé ! Mais nous leur demanderons où donc le Rhône en a-t-il pris pour former l'île de la Camargue, refouler la mer et enterrer le port d'Aigues-Mortes? Il les a prises d'abord dans les Alpes comblées parje cataclysme diluvien, puis sur ses rives lorsqu'elles cédaient trop facilement à ses menaces. Lorsqu'en 1822 un propriétaire voulut bâtir une maison sur le côleau de Rufin.au nord du bourg de Ciers, il dé- couvrit les traces d'un lit de rivière qui, parlant du nord, se dirigeait au midi vers le susdit bourg, mais interrompu des deux côtés après un parcours de quinze ou vingt mètres légèrement incliné au midi et brusquement tranché du côté du nord, où sa pente est si rapide qu'elle semble former un talus de 50 à 60 degrés, dominait une riche vallée au bas de laquelle on trouve le Rhône, qui coulait il y a quelques siècles au pied des montagnes du Bugey, et qui depuis cette époque a déjà dévoré un territoire de deux kilomètres de largeur, (dépendant de celle commune) dans lequel étaient comprises de belles propriétés et la forêt de Roange, suivant les divers rapports faits au procureur-général de la province du Dauphiné, dans les XVe, XVIe et XVIIe siècles. Il serait trop long de raconter tous les désastres qu'il faii sur celle commune qu'il a partagée dans nos temps modernes, ainsi