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ÉLOGE DE M. DE CHANTELAUZE. 383 Pardonnez, Messieurs, ces navrants tableaux. Mon émo- tion s'est laissé aller à vous les tracer, mais je sais votre culte pour cette chère mémoire, et rien ne saurait vous de- meurer indifférent de ce qui touche a cette noble famille. Vous avez des regrets pour tout ce qu'elle a perdu, des sym- pathies pour tout ce qui en reste, et votre patronage est ac- quis d'avance à un fils et a un neveu si dignes de porter son nom. Ce nom restera illustre ; il est appelé a grandir, comme tous ceux que la justice relève pour les venger de la for- tune. Notre cité a donné Suchet a l'armée, Ampère a la science , Ravez à la tribune. La magistrature ne doit pas moins a nos annales. Elles lui ont offert d'éclatants modèles parlementaires, mais quand elle demandera le type le plus pur, le plus ferme et le plus touchant, le plus éprouvé et le plus fidèle, elle ne mettra jamais aucun nom au-dessus de Chantelauze. De tels honneurs suffisent a dédommager des amertumes de la vie. Votre main paternelle les montrera avec une juste fierté à tous les nouveaux venus dans la carrière, et si, malgré ces glorieuses réparations de l'avenir, quelque jeune cœur venait à faillir sous le poids des découragements du jour, vous relèverez ses aspirations jusqu'au séjour suprême qui rétablit l'équilibre entre les mérites et les tristesses d'ici bas. Pour nous, Messieurs, si rien ne peut nous faire oublier une telle perte, nous nous consolerons en songeant que c'est aux épreuves comme aux vertus, que se mesure l'im- mortelle récompense.