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334 ANMBAL ET LE RHÔNE.
journées qu'une armée peut faire en huit jours; si nous
sommes arrivés au point (les environs de Vienne) où Polybe
nous désigne une rivière ou un fleuve, et une île qui doit avoir
la forme d'un triangle; si, enfin, nous ne pouvons retrouver
ce grand jalon qu'il a placé sur cette route, rien n'est certain
dans cette marche célèbre dans l'histoire, et sur le terrain où
nous le cherchons aujourd'hui, nous sentons nos jambes
fléchir et le sol trembler sous nos pas.
Quel est donc ce grand cours d'eau qu'il amène sur cette
scène ? Est-ce un fleuve ou une rivière engloutis ? est-ce un
ruisseau écrasé par un éboulemenl? Ce fleuve était-il ima-
ginaire comme le prétendent ses détracteurs ? Cet historien
avait-il des illusions? Son delta était-il une île enchantée?
Les dieux se sont-ils intéressés à ce voyage pour secourir et
charmer notre héros dans son passage des Alpes, comme
. l'ont prétendu ses contemporains ? Scoras est-if le nom appel-
latif d'une rivière ou une épithèle ? Ce mot est-il gaulois ou
grec ? On ne peut répondre à toutes ces questions qu'en
découvrant le lit dans lequel cette eau a coulé.
C'est ici que notre lâche devient hardie, délicate et ardue :
si, ni les historiens ni les chroniqueurs, ni les légendes vraies
ou fabuleuses, ni la tradition ne peuvent nous mettre sur la
trace de la vérité sur ce sujet, nous interrogerons les archives
du Rhône, qui nous en diront plus peut-être que tous les
livres et manuscrits des temps présents et passés.
Victor RoussiixoN,
Capitaine en retraite.
{La suite au prochain numéro).