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                         DE LA TÈTE-D'OR.                          219

on lui doit des félicitations, car elle a imposé une limite à l'en-
vahissement des constructions, et nous a conservé de Sa verdure
à proximité de la ville ; mais je ne suis pas de l'école des jardinets,
des chalets et des petites allées sablées : j'aime les grands arbres,
les belles masses qui se voient de loin, les vastes espaces om-
bragés, sous lesquels on puisse se promener en tous sens et se
soustraire dans un coin aux importunités de la foule. J'aurais
désiré qu'on eût un peu plus respecté la nature et son laissé-aller;
je regrette celte herbe vigoureuse sur laquelle on s'asseyait,
qu'on piétinait sans qu'elle s'en trouvât mal, et qui était toujours
verte et fraîche malgré l'innombrable population qui la foulait les
dimanches d'été. Aujourd'hui l'herbe du pare est entourée de
tant de précautions hygiéniques, que c'est à peine si l'on ose y
cracher dessus. J'approuve singulièrement les ordonnateurs du
parc, qui ne se sont pas crus obligés à fabriquer de faux rochers,
cette caricature de la nature, en si complète estime dans les
villas contemporaines, soumises à la fantaisie de gens entière-
ment dépourvus du sentiment pittoresque. Je suis étonné, je
l'avoue, qu'on n'ait pas cédé, pour le parc, à une mode aussi gé-
 néralement admise, et je me persuade que dans un certain
 monde on doit se plaindre de cet oubli des choses du bon genre.
    Ce sujet me fournira l'occasion de déplorer le mauvais goût
de notre riche bourgeoisie lyonnaise qui, au milieu d'une im-
mense quantité de constructions élevées à la campagne dans ces
dernières années, n'a rien su faire de convenable. On veut
 absolument avoir un palais ou un château, et l'on n'a qu'une
caricature prétentieuse. On ne comprend pas que l'on ne devrait
 viser qu'à la maison de campagne, et que celle-ci doit avoir avant
tout un cachet pittoresque. Je ne sais pas si les architectes sont
bien capables de donner le dessin d'une construction de ce genre.
 Un paysagiste trouverait probablement dans sa tète une multi-
 tude de formes qui échappent à la règle et au compas. Le thème
 généralement adopté est le cube dans lequel on peut facilement
 tailler un appartement semblable à ceux de la ville, car les dames
 veulent absolument des salons parquetés et cirés, des tapis, des
 meubles somptueux, et généralement tout ce qui sent le luxe.