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194 DE LA DIGNITÉ DE L'ART. ressentir et s'opérer dans des sens divers. Cependant il n'y avait que deux grandes tendances dans le domaine de l'art, auxquelles s'agraffaient une foule de rameaux, comme il n'y avait que deux grandes doctrines qui divisaient le monde philosophique : le spiritualisme et.le matérialisme. Quels que soient les noms des écoles qui surgirent du mou- vement nouveau , qu'on les appelle : école de la forme ou de la couleur, de la pensée ou de l'exécution, fantaisiste ou romantique, panthéiste ou classique, archaïque ou réa- liste, n'importe, elles appartiennent toutes a une de ces deux grandes classifications philosophiques, ou elles s'a- dressent a nos sens ou a notre âme. Je regrette que les li- mites de ce discours ne me permettent pas de tracer, même sommairement, l'historique de ce mouvement, qui n'a cer- tainement pas dit le dernier mot, mais qui est un signe incontestable de vie et une garantie de progrès pour l'avenir. Qu'il me soit permis, du moins, de constater ceci : Depuis qu'il est commencé, l'esthétique contemporaine,. comme les Romains qui admettaient dans leur Panthéon les dieux des vaincus, a admis toutes les formules par lesquelles l'art s'est manifesté dans tous les temps, dans tous les lieux, et le dieu inconnu, que n'avaient pas voulu encenser les adeptes classiques, a trouvé des adorateurs parmi les adeptes nouveaux. Les monuments chrétiens sont réhabili- tés et classés, non plus comme des productions d'un art caduc, mais comme expression d'une forme nouvelle de l'art qui a ses principes et ses lois. Depuis les peintures en- sevelies dans les cimetières chrétiens des catacombes, jus- qu'aux voûtes et aux flèches élancées de nos vieilles cathé- drales, tout a été étudié avec soin, admiré avec enthousiasme et reproduit avec talent. Les édifices civils de notre belle France servent de types pour en édifier de nouveaux. Le domaine de l'art, il faut en convonir, s'est agrandi de tout un monde d'idées et de formes ; mais cet état de chose qui