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-192               DE LA DIGNITÉ DE L'ART.

de Boucher et de Watteau, mais qui, se mettant à la suite
des antiquaires, l'enserra dans les langes classiques, et
laissa croire qu'en dehors des productions de la Grèce et de
Rome il n'y avait pas d'art possible. Ce serait le sort de cette
école nouvelle qui réagit contre les antiquaires et les clas-
siques grecs et romains , si à son tour elle ne voulait voir
l'art que dans les productions du moyen-âge. Après avoir
anathématisé le poncif'antique, elle créerait un poncif mille
fois plus ennuyeux, car ce serait l'exagération des défauts
matériels, d'œuvres qui ne se sauvent que par la naïveté et
le sentiment. — Je ne parle pas de l'architecture qui, au
XIIIe siècle, a eu selon nous une formule tout à fait com-
plète.
   t e mouvement qui s'opère de nos jours en faveur des
monuments du moyen-âge , est un mouvement d'une im-
mense portée; c'est toute une révolution faite dans le
domaine de l'art, qui, depuis le XVIe siècle, n'était étudié
comme les lettres, que dans les monuments de l'antiquité
païenne. Il n'était venu à la pensée de personne que "les
 croyances religieuses, les mœurs, le climat, avaient une
influence sur les productions des arts et pouvaient en mo-
difier essentiellement le caractère. On ne se doutait pas
qu'il pût exister un art national, un art chrétien. Tout ce
que le génie humain avaitproduit, depuis Constantin jusqu'au
pontificat de Léon X, était désigné sous la dénomination
flétrissante de bas-empire et de gothique. Les basiliques de
 Sainte-Sophie, à Constantinople; de Saint-Marc, h Venise;
 de Sainte-Marie-Majeure, à Rome         bas-empire ! Les ca-
 thédrales de Reims, de Rouen et d'Amiens            gothiques !
Ces mosaïques éternelles des basiliques, ces verrières res-
 plendissantes des cathédrales, ces grandes peintures mu-
rales, tout ce monde de statues si belles de vie et de senti-
 ments..... barbares et gothiques ! Et ces manuscrits si