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                          DE L'HOMME.                        101

   On appelle nature, tout ce qui remplit l'espace, matière,
forces et lois, tout ce qui est apercevable par les sens, en
opposition avec tout ce qui est apercevable immédiatement
dans l'intérieur de la conscience. L'homme appartient a la
nature sous le rapport de son activité, de ses actions, qui
tombent sous les sens, mais sous le rapport des actes qui
ne tombent pas sous les sens, il s'élève au-dessus d'elle ;
elle ne lui fournit que la base, le sol sur lequel repose
son existence, son habitation temporelle, le théâtre de ses
actions, les moyens d'arriver a son but. Suivant le degré
de culture et de civilisation, la nature est pour l'homme
soit un magasin dans lequel il trouve la satisfaction de ses
besoins, soit un objet esthétique qui, par son agrément et
l'élévation de ses impressions, réveille en lui des sen-
sations religieuses. C'est ce que Schiller a exprimé en
deux vers :
    « Pour l'un, la science est une divinité céleste. Pour
l'autre, elle est une bonne vache a lait qui lui fournit du
beurre ! »
    L'état de pasteur et celui d'agriculteur sont les premiers
rapports que l'activité de l'homme eut avec la nature. Les
avantages qu'elle lui fournissait dans ses produits, lui
apprirent à l'utiliser et à la conquérir à son profit. La na-
ture' satisfait facilement et libéralement aux besoins de
l'homme; mais quelquefois sans s'inquiéter de ce qui
lui est nécessaire, elle poursuit sa route, détruisant tout,
brisant même l'ouvrage de ses mains. Elle lui apparaît
tantôt comme bonne, tantôt comme cruelle et capricieuse.
L'homme alors personnifie les produits et les événements
de la nature, elle est à ses yeux terrible ou aimable, effrayante
ou consolante. Il en voit tantôt le côté gracieux, tantôt le
côté sombre. Telle est l'origine de toute religion de la na-
 ture : la personnification divine de la nature dans son