page suivante »
DU XVIIIe SIÈCLE, 89 politesse. Hier on a fait un essai à l'Arsenal, il n'a pas réussi, les pièces étoient pleines de trous qui dormoient passage à la fumée. En attendant le grand essai qui doit avoir lieu le 2 du mois prochain, les Dijonnois qui sont très-nombreux ici ont donné un bal des plus bril- lants. 11 y avoit trois tables de cent femmes chacune. On s'occupe d'orga- niser des souscriptions de cinq louis par tête pour rendre cette politesse aux chevaliers de Dijon. 1784 11 janvier. Le fameux M. Pilastre du Rozier est arrivé à Lyon pour aider et donner des conseils à M. de Montgolfier qui est l'homme le plus doux et le plus modeste et dont le plus grand défaut est de croire que tout le monde est en droit de lui commander. M. Pilastre a fait de grands chan- gements à la machine de M. Montgolfier et lui a occasionné une dépense de près de cinq mille livres. Tous ces changements ont été très-mal faits. On avoit annoncé le départ du ballon pour hier, toute la maréchaussée des environs était commandée pour veiller au bon ordre. Les chanoines de Vienne sont venus à pied et la nuit faule de voitures. L'expérience n'a pas réussi, mais il n'y a eu d'autres accidents que des mouchoirs volés. Malgré le mauvais succès des expériences du superbe ballon qui s'est construit ici, notre ville est toujours dans le plus grand enthousiasme, on ne parle, on ne respire que globes, que Montgolfier, que Pilastre du Rozier. Voici l'historique du grand essai manqué du ballon. Depuis longtemps nous avions une foule d'étrangers qui faisoient une dépense inconcevable. Les Dijonnois ont donné un grand bal. Ils attendoient avec la plus grande impatience. L'Intendant qui en iogeoit plus de trente pressoit les construc- tions, enfin on prit jour pour samedi dernier. Toute la nuit de vendredy on travailla. Enfin on l'enfle sur les cinq heures et demie pour pouvoir y attacher la galerie. L'effet en fut magnifique : sur les six heures on tira des boètcs. Voilà toute la ville en l'air. On se rendit eu grande hâte aux Brotleaux, il y faisait un froid de chien. Le feu a endommagé la toile qui Se déchira en plusieurs endroits. La galerie n'a pu être altachée. Le ballon ne put partir malgré les trois coups de boètes, et malgré M. l'Intendant qui vint jusqu'à trois fois pour y attacher, de ses belles mains, un étendart. Il n'est pas jusqu'à la pauvre Académie qu'on n'ait mistiiiée en faisant languir ses astronomes à leurs divers observatoires. 7 février. L'abbé de Rdstaing, chanoine d'Ainay, vient de mourir, et a laissé sa fortune aux dames de la Marmite d'Ainay,au préjudice de sa fa-