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DE LA TÊTE-D'OR. 03 perpendiculaire à son cours. Bientôt ce courant est de nouveau amorti par l'escarpement de Crépieux qui, ramenant alors le fleuve sur la rive gauche, a permis au terrain des îles Lambert ou de Vassieux — sur lequel a été élevé le débarcadère de Saint- Clair — de se déposer. De là ,, la nécessité d'établir la digue du Grand-Camp, pour le garantir conlrc cette force de réflexion. Le phénomène qui, à Jonage, a rejeté le Rhône sur la rive droite, a lieu un peu plus bas, pour le faire dévier sur la rive gauche. Le courant obéit à une loi naturelle, et il ne peut pas y avoir eu d'exception à Jonage, d'autant plus que cet obstacle vient s'ap- puyer presque à angle droit, contre la direction du fleuve. Pendant les temps tertiaires qui ont précédé l'époque actuelle, une immense nappe d'eau s'étendait de la Drôme dans la Côte- d'Or, en recouvrant les environs de Lyon et les balmes Vien- noises , dont le sol est formé par une sédimentation mal agrégée de petits cailloux alpins et jurassiques. Si l'on considère la na- ture du terrain, situé au pied des balmes, on reconnaîtra qu'elle est identique à celles des balmes elles-mêmes. Les cailloux roulés sont de la même grosseur, et leur allure générale frappe par sa ressemblance. Si le Rhône eut coulé au pied de ces balmes, non seulement on retrouverait l'emplacement de son lit, par l'inspection des galets, mais encore le relief du terrain eut probablement con- servé des traces du passage du fleuve. Eh bien , l'observation ne nous fait rien apercevoir. Au contraire, en tirant une perpendi- culaire au Rhône , vers fe pont Morand , une pente insensible nous amène jusqu'au bas de la balme au-dessus de laquelle est construite l'ancienne église de Villeurbanne, et nous nous trou- vons à 11 mètres 50 centimètres au-dessus du fleuve. La hauteur de la balme est de 17 mètres 40. Si l'on songe à l'immense puis- sance nécessaire pour opérer le déblai des matériaux de la plaine, comprise entre lesdites balmes et le cours du Rhône, on en arrive à demander l'explication d'un pareil phénomène à des causes antérieures aux époques les plus fabuleuses', c'est-à -dire, à l'action diluvienne qui a façonné le relief actuel de notre pays. L'objection que l'imagination populaire emploie ordinairement