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536 DE LA PRIÊBE. luel, tout étranger qu'il leur soit en nature, est fixé par des lois si parfaites qu'aux moindres modifications de la vo- lonté ces forces répondent par des mouvements exactement conformes et proportionnés. Mais je pense que Dieu a ré- servé à son amour le soin de répondre à la prière sollicitant les forces intelligibles. Les forces physiologiques n'opèrent le mouvement qu'en raison de l'énergie de la volilion ; que deviendrions-nous, dans notre misère actuelle, si la réalité absolue ne recevait de la prière qu'une action qui fût en rai- son directe de l'ardeur de la volonté! « Nous ne savons rien « demander comme il faut dans la prière, dit saint Paul, « mais I'ESPRIT lui-même demande pour nous par des gé- « missements ineffables (1). » Le Verbe n'est entré dans la nature humaine que pour donner, par ses mérites, une va- leur absolue à toutes les actions de l'homme. Par cet acte inoui de l'incarnation divine, l'homme, quoi- qu'habitanl de la (erre, a été placé dans l'Ordre surnaturel. Il suffit que son cœur soit tourné vers Dieu et que sa cons- cience soit dans l'état de grâce, pour que le courant de l'in- fini traverse son âme, et que les énergies de l'absolu s'ajou- tent à ses facultés... Tout devient incalculable ! Je crois ce- pendant que nous ne recevons que d'autant que nous de- mandons; et que la vie spirituelle est encore en raison de la volonté. La substance réparatrice de la grâce ne saurait s'as- similer a l'âme que selon son appétit dans le bien et sa vi- gueur dans l'action. Le phénomène de la nutrilion dépend moins de l'aliment que de la puissance vitale et d'un exer- cice fortifiant des organes. La nutrition de l'âme doit s'opérer suivant l'énergie que ses facultés ont acquises dans l'action. Donnez-moi un homme de prière, disait S. Vincent de Paul, et il sera capable de tout (2) ! La prière est un moyen de (i) S. PAUL, Êpit. aux Rom., chap. VIII, v. 26. — (2) Nihil potentius homine orante ; optissima arma oratio est. S. CHRISOST. Homel, S.