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DE LA FOI. 217 bre funèbre de l'espérience s'étende entièrement sur elle. L'esprit n'a vu que le relatif, et l'homme a cherché son bonheur en ce monde. Ah ! les âmes que l'imagination a nourries seront tuées par la déception : elle est venue se mettre en nous à la place de la Sagesse ! La douloureuse dé- ception est aujourd'hui si générale qu'elle est devenue le thème de tous les romans et des poèmes de ce siècle. Sur les chemins de la vie les cœurs ont été brisés, et les hommes sont devenus méchants ! Il est certain que la vie ne peut faire rien de bon de ceux qui ne sont point en ce qu'elle est. Que les hommes comprennent peu! Si Dieu avait pu ad- mettre les essences créées à la vie absolue sans qu'elles eussent travaillées à leur propre raison d'être, il ne les eût pas en- voyées dans ce demi-jour d'une vie relative. Il faut le bien comprendre, ces limbes de l'existence que nous traversons dans le temps, renferment numérativement les conditions né- cessaires à la solidité de siotre cœur. La douleur est le souve- rain essai de l'être, son sel le pénètre jusqu'au fond ; elle circule jusques aux extrémités vivantes pour ouvrir partout ses canaux à l'immortelle félicité. Ceux qui n'en peuvent supporter les premières atteintes sans se refermer aussitôt dans leur moi, prouvent que leur faible cœur est encore au dessous de la vie. Dieu ne peut être aimé que par quelque chose de grand ! La Sagesse a disparu devant l'esprit ; elle est aujourd'hui tout aussi rare que la Foi. Fruit de la donnée du relatif, l'ex- périence, à elle seule, pétrit l'homme ; elle le pétrit en vrai citoyen du temps. L'homme de l'expérience, celle suprême création de l'orgueil parvenu à étouffer l'amour sans le crime ! l'homme de l'expérience, a remplacé l'homme de la sa- gesse. Déplorable malheur, pourquoi les années parmi nous ne font-elles que diminuer l'âme ! Le temps autrefois n'attei- gnait que le corps; quelle main fâcheuse il étend aujourd'hui