Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                   EXCURSION DANS LE MIDI.                     31

 conduisit à l'Hôlel-de "Ville, placé au centre du port. Cet hôtel
 est composé de deux bâtiments d'un style monotone et vul-
gaire, réunis au premier étage par un pont suspendu sur une
 rue. Celle union aérienne, empruntée aux architectes du Cé-
 leste-Empire, est d'un aspect lout-à-fait chinois.
    Un escalier gigantesque conduit à une myriade de petits
compartiments noirs, décorés des noms pompeux de Salle
d'audience, salle des Séances municipales. Secrétariat    général.
Bureaux, etc. Ce qui a fait riire avec raison que l'Hôtel-de-
Ville de Marseille se compose d'un escalier de géant condui-
sant à des salles de pygmées. Tel qu'il est, l'édifice n'est pas
même achevé ; il tremble sur ses pilolis. Esl-ce la faute de ce
corps trop lourd ou de ses jambes lrop grêles? Je n'en sais
rien, je constate un fait.
   De 1res estimables bourgeois de Marseille, croyant rehausser
le mérite archileclonique de leur Hôlel-de-Ville, n'ont trouvé
rien de plus ingénieux que d'en attribuer les plans à Puget.
Pour l'honneur du grand artiste il n'en est rien ; et l'on a fait
bonne justice de cetle diffamation posthume. Puget avait pro-
posé une ligne monumentale qui aurait fail du porl de Mar-
seille une merveille. Comme nous l'avons déjà dit en parlant
du cours, Puget voulait un hôlel-de-ville riche de décorations
et de sculptures, digne de la grande cité et de sou ciseau créa-
teur. Mais tout cela devait couler trop cher pour les économis-
tes et les rogiKHirs de budjet. Et puis, régie générale, on ne
croit guère au génie d'un contemporain et d'un compatriote.
C'est là une maladie héréditaire, notamment chez les provin-
ciaux, pour le plus grand malheur de la province.
   On voit sur le pallier qui se Irouve au haul du grand esca-
lier, une statue en marbre blanc : c'esl celle de Libellai. La
conspiration de Libertat est un des faits les plus importants
de l'histoire de Marseille.
   Cette ville avait embrassé le parti de la Ligue et refusé de
reconnaître Henri IV, même après son entrée à Paris. En cela
les Marseillais consultaient moins les intérêts des ligueurs que