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ROME AU SIÈCLE D ' A U G U S T E . 87 de mouvement qu'on appelle la vie d'un peuple, se manifestent désormais avec éclat dans le jeu de l'histoire. Leur action si com- pliquée se fait sentir dans toute sa plénitude. Allons prendre notre place au théâtre ; qu'une main complaisante lève la toile. La voix qui doit nous expliquer tous les incidents du drame, les grandes et les petites choses, les accidents hauts et bas de cette vie puis- sante, la voix de Camulogène ne tremblera pas. Vingt-cinq lettres remplissent le premier volume de cette bril- lante et utile correspondance. Notre pensée n'est pas d'en faire l'énumération complète. Dès le début, et sans anticiper sur les matières destinées aux volumes suivants, avouons qu'aucune situa- tion n'est plus saisissante que celle de ce jeune Gaulois qui, sous le patronage du négociant Fontéius, approche des murs de la Ville éternelle, et passe, avec admiration, au milieu de ces monuments, de ces beaux édifices publics ou privés qui ornent la campagne de Rome, ou bordent les routes à plusieurs milles de ses portes. Que n'éprouve-t-il pas, que ne dit-il pas, lorsqu'il voit la ville elle-même sortir lentement de terre à l'horizon?... « Fontéius arrêta notre char pour me la laisser contempler à l'aise, dès qu'il me fut pos- sible de la découvrir tout entière. Il essaya de me donner quel- ques explications, mais je ne l'entendis point ; j'étais plongé dans la contemplation de l'immense tableau déroulé devant moi. J'é- prouvais un sentiment indéfinissable de surprise, d'admiration et de crainte. Figure-toi, mon cher Induciomare,une plaine immense, couverte à perte de vue de maisons au-dessus desquelles s'élèvent, comme de grands arbres au milieu d'une forêt, une multitude de monuments. Jamais on n'a vu, jamais on ne verra que là une pa- reille agglomération d'habitations humaines ; ce n'est point une ville, c'est une province couverte de bâtiments. On la prendrait volontiers pour la réunion de la plupart des cités que les Romains ont conquises, si des villes pouvaient se transporter. Représente- toi cet admirable tableau, éclairé par un jour d'un éclat de beau- coup supérieur à celui de ces magnifiques journées d'été si rares dans notre climat ; tous ces édifices offrant non l'aspect triste et grisâtre de ceux de notre Gaule, mais une teinte blanche, ou d'un brun safrané, qui se détache sur l'azur admirable d'un ciel presque