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234 DE LA FOI. qu'on appelle la confiance en Dieu. Substance de tous les axiomes, la notion de l'absolu n'est que la raison elle-même, et le seul fait qui la disliugue de tout ce qui change autour de nous. Cette notion affaiblie, l'expérience en nous l'emporte sur l'absolu, et l'homme, sans trop le savoir, perd cette on- tologique foi au seul vrai, au seul beau, au seul bon qui sont le principe des choses : il est dès-lors impossible à toute re- ligion de prévaloir dans l'âme. Le septicisme de la pensée vient de l'absence du sentiment de l'absolu. 11 faut que l'es- prit ait un fond. Tout se perd dans celui qui demande sans cesse une base au sol mouvant du relatif! C'est en vain qu'on répand la Foi, si elle ne peut rester dans les âmes. Il en est beaucoup de frappées de l'affaiblisse- ment ralionel. Les axiomes ne sont plus en nous. On ne forme en quelque sorte que les rebords de l'âme, sans plus songer au dedans. On a tout fait pour renverser le sentiment de l'immuable. Le siècle dernier ne s'est occupé que des sens et de l'esprit; on développait l'homme pour ce monde. Les organes de la conviction ont trop été sacrifiés; ce malheur a duré assez pour entraîner dans une partie de la race une perte physiologique. Il voudrait mieux pour quelque temps laisser courir la science, et former l'homme dans son âme. Il faut rappeler l'homme à l'intuition. Il le faut même en dehors de la Foi et pour l'ordre de la conception L'intuition est juste l'opposé de l'esprit : il vaut mieux prêter en nous l'oreille du côté de Dieu que du côté de l'homme. Celui qui rendra à l'intuition l'importance qu'a pris la logique dans tous les ordres de la pensée , accomplira la révolution qu'attend ce siècle. On ne sait où se tient la mort, je vou- drais répéter ici, qu'au lieu des sens et de l'esprit, ce qu'il faut développer en l'homme, c'est le cœur et la raison. C'est ce que le peuple appelle l'âme. La Foi ne se donne pas comme une leçon de mathé-