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532                         DK LA PK1ÈKE.

qu'il lui suffît quelquesfois de s'occuper avec trop de soin
des prophéties qui le frappent pour qu'il en résulte des
effets.
   « Il peut môme se faire, dit de Maislre, qu'une volonté
créée annulle, je ne dis pas l'effort, mais le résultat de l'action
divine. Car dans ce sens, Dieu lui-même nous a dit que Dieu
veut des choses qui n'arrivent point parce que Vhomme ne
veut pas. Ainsi les droits de l'homme sont immenses, et le
plus grand malheur pour lui serait de les ignorer. Sa vérita-
ble action spirituelle est la prière. La prière est la dynami-
que confiée à l'homme. »
   Ce qu'il y a de plus admirable, c'est que Dieu veut que
nous ne cessions d'exercer sur lui notre empire : Ego dko
vobis semper orare. Faisons donc à Dieu celte violence
qu'il aime, et à laquelle il nous prévient lui-même ne
pas savoir résister. « S'il feint de ne pas t'entendre quand
tu le pries, s'écrie Saint Grégoire, sois comme un vo-
leur et tu recevras le royaume de Dieu; sois violent, et les
Cieux même céderont à ta violence. Quelle plus belle rapine !
quelle plus glorieuse violence ! ah ! la bonne violence (1) ! »

   Un phénomène psychologique d'une haute importance se
rattache à l'usage de la prière. Ses effets ne sont pas moins
remarquables que ceux de l'humilité. L'homme qui prie n'a
pas besoin de s'occuper de la perfection de son être : elle se
fait en lui de la plus admirable manière. Car la prière place
subitement l'âme dans une position si parfaite de beauté vis
à vis de Dieu, que le travail divin qui se fait en ce moment
n'aurait peut-être pas été obtenu par les plus grands efforts
de la volonté.
   Celui qui prie, tout à coup sort de lui-même, il oublie ses

  (i)   S. GHÉGOIRB in PSJLM. 6 pœnit.