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104 MONOGRAPHIE HISTORIQUE la suite de ces expédilions lointaines. Des documents pris dans nos archives corroborent cette assertion. Ainsi, dans la Bresse, qui eut toujours avec le Bugey une même destinée, les franchises émanées du sire de Baugé en 1250 , furent l'exécution d'un vœu fait par son père Beynaud, mort en Palestine (1). Ce Croisé, expirant au loin, tourna ses regards vers sa patrie pour lui léguer ce bienfait : Et dulces moriens ro.mimscitur Argos. Quoique le Bugey eût conservé le sentiment de liberté avec les institutions romaines, autant que le comportait le régime féodal, il fut une des dernières provinces de l'ancien royaume de Bourgogne qui reçurent des immunités. Sa si- tuation politique explique ces tardives concessions. On l'a vu, à la fin du XIIe siècle, soumis à trois principaux seigneurs, le sire de Thoire-Villars, le comte de Savoie et le sire de la Tour-du-Pin, successeur des Coligny(2). Aucun d'eux n'habi- tait le Bugey. Les provinces, centres de leur domination, furent dotées des libertés nouvelles avant celles qui étaient plus éloignées. Loin de prendre l'initiative, les seigneurs, qui relevaient de ces suzerains, ne songèrent pas môme à les imiter. Un seul, à notre connaissance, dans notre province, le seigneur de la Palu, suivit l'exemple des dauphins de Viennois, en donnant des immunités à Saint-Maurice-de- Bémens. Le Bugey reçut donc tardivement le bienfait de la réac- tion sociale. Bégie par trois princes dont les caractères et les dispositions politiques différaient, cette province ne pou- vait aussi avoir une constitution uniforme. Le sire deïhoire- (1) Considerata eliam [>ia intenlione et expressa voluntate nofiilis viii domini Reynaudi, patris nosdi, noviter viam univci'sc carnis ingressi in partibus transmaiiiiis. Franchises de Bauge. (a) Fin du § VII.