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                    BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                        459
tion non infamante, et qui lui donne même un certain air d'héroïs •
me. Et lui, il laisse la malheureuse dans son erreur ; il l'épouse, il
la rend mère ; pour qu'un jour, un jour qui ne peut manquer de
venir tôt ou tard, éclairée par un mot, par un geste, elle apprenne
tout à coup, l'infortunée ! qu'elle est l'épouse d'un forçat, que ses
enfants sont les enfants d'un forçat ! Imprimez maintenant tant que
vous voudrez, dans les notes justificatives, une Déclaration évidem-
ment rédigée par un tiers, où cette pauvre femme atteste qu'elle
s'applaudit de plus en plus d'avoir uni son sort au sort de son
mari ; quelle voit en lui une belle âme et un cœur sensible et gé-
néreux; qu'elle lui pardonne volontiers cette dissimulation qui a
fait son bonheur; nous nous dirons : voilà une femme vertueuse,
résignée; heureuse, nous ne croirons jamais qu'elle le soit, à moins
qu'elle ne regarde jamais ses enfants.
   Tel est l'homme dont M. Servan de Sugny s'est fait le patron ;
tel est le livre dont il s'est fait l'éditeur. Qu'on nous dise maintenant
si les sévérités de M. le Procureur-général n'ont pas grand besoin
d'explications et d'excusés.
   Par un arrêté récent, Romand a été réhabilité, et M. Servan de
Sugny a fait des vers à ce sujet (t). C'est un triomphe que nous lui
abandonnons. Quiconque lira avec attention la Confession d'un mal-
heureux, ne verra dans le héros de ces aventures qu'une sincérité
très suspecte et un'beaucoup plus grand désir défaire parler de
soi que d'être utile; dans le patron, qu'une philanthropie irréfléchie.
Tous deux sont loin d'avoir atteint le but qu'ils s'étaient proposé.
M. Servan de Sugny a donc cédé à une pensée malheureuse quand
il est revenu sur cette triste affaire. Mieux valait mille fois garder
le silence. Sa nouvelle brochure donne raison à ses anciens supé-
rieurs et les lave du reproche de cruauté à son égard. Restent les
personnalités qu'il s'est permises. On ne les excuse qu'imparfaite-
 ment par la chaleur de ses ressentiments et la vivacité de ses regrets.


  (i) Une Résurrection, parM. Servan de Sugny, brochurein-8, avec portrait
de Romand.