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290 AOYAGE A VIENNE. à quelques kilomètres d'Enzerdorf, se livrait cette bataille d'Essling ou d'Aspern, que les Autrichiens tentent de nous disputer encore aujourd'hui, avec le même succès, du reste, qu'à celte époque. La mêlée était horrible. La bataille mu- gissait par six cents bouches. La plaine était en feu. Un régiment autrichien — régiment de hussards — faisait une charge désespérée au milieu de l'action furieuse, et parvenait enfin à dégager son colonel, qui allait tomber entre les mains des Français. Ce colonel que se disputaient les deux armées était le prince de Liechtenstein. Quelque temps après on faisait des fouilles sur ce champ de carnage. Le prince faisait chercher, parmi les cadavres, ceux de ses vaillants soldats qui s'étaient fait tuer pour l'ar- racher à l'ennemi. On en découvrit plusieurs, et, parmi eux, sept des plus authentiques furent enlevés et transportés en terre de Liechtenstein. Là , sur un mont élevé, ils furent en- sevelis dans une crypte, sous un temple qu'on voit au loin de divers côtés, et qui est triste, solitaire, ouvert aux vents et aux frimais. La montagne y a gagné une illustration de deuil, el y a perdu son nom vulgaire : on l'appelle, à bon droit, le Mont des Hussards. Attenante, pour ainsi dire, aux vastes domaines de Liech- tenstein, et peut-être encore dans les limites de cette prin- cipauté, est la jolie petite ville de Modling, ou Moedlingr dont l'ancien château fut l'austère résidence des anciens mar- graves d'Autriche. La gothique église de Modling fit autre- fois partie d'une commanderie de Templiers. On raconte que dans celle église, ou plutôt dans sa chapelle souterraine, se passa une de ces scènes sanglantes du moyen-âge, à l'épo- que où l'abolition soudaine de l'ordre du Temple livra les chevaliers aux vengeances des paysans. En ces temps, les ardentes représailles s'exerçaient en face de l'autorité im- puissante à les réprimer. Quarante chevaliers furent égorgés