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DE LA PRIÈRE. 537 forcer Dieu ; car il ne peut résister à l'humilité du cœur. C'est la clef d'or ouvrant les Cieux, a dit un Apôtre. Il sem- ble que l'Être qui existe par lui-même ait prévu la toute- faiblesse de l'être dont l'existence est subordonnée, et qu'il ail dit : « Donnons a notre enfant une puissance sur la vie semblable à la nôtre!» et l'homme aurait été avantagé du don de la prière. Ah ! Dieu nous a conféré un empire en lui-même, puis- qu'il nous a donné le pouvoir de provoquer son amour. De là , les prières de l'homme deviennent les prières de Dieu. Eh quoi ! c'est Dieu même qui prie, et Dieu a pris la place de l'homme, et l'homme a pris celle de Dieu ! Oui, c'est là l'ineffable acte d'orgueil qu'a produit l'humilité.... nous tenons les sources de l'être.... par la prière nous sommes devenus maîtres de Dieu ! La grandeur d'une science, par rapport à l'homme, est en raison de l'empire qu'elle lui donne sur la nature. Quelle est la grandeur de celle qui nous donne une puissance sur l'in- fini ! Les sciences physiques, en nous révélant les lois de la matière, nous livrent les moyens de nous la soumettre pour la vie du lemps; les sciences ontologiques, en nous révélant les lois de l'esprit, ne nous livrent-elles pas les conditions de notre vie dans le temps et au - delà du lemps ? Quelles sciences que celles-là ! et quand elles se révèlent dans un mot : l'humilité !