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                          DE LA PRIÈRE.                     535

produire une volition pour que les forces obéissantes des
 organes physiques réalisent extérieurement l'action dans la
 nature visible ; de même il suffit a la liberté de produire
la volition spirituelle, qui est la prière, pour que les forces
attentives de l'ordre intelligible réalisent ontologiquement
son action dans la nature divine. L'homme qui prie est,
par rapport au monde intelligible, ce que l'homme qui veut
est par rapport au monde sensible. L'acte de volonté se
passe tout entier dans la conscience, et néanmoins s'effectue
 aussitôt au dehors dans la réalité visible, par suite de la loi
d'inertie sur laquelle le fini est constitué; de même pendant
que l'homme prie d'ici-bas, c'est-à-dire qu'il veut, non plus
par rapport à la réalité matérielle, mais par rapport a la
réalité intelligible, cet acte qui se passe tout entier dans la
volonté s'effectue pareillement au dehors d'elle, dans la Réa-
lité divine, par suite de la loi d'amour sur laquelle l'infini
est constitué.
   Jésus-Christ disait : « Le royaume de Dien est absolu-
ment comme lorsqu'un homme jette de la semence en
terre : que cet homme dorme , ou que nuit et jour il
se lève, la semence germe et croît sans qu'il sache com-
ment. Car la terre produit d'elle-même d'abord l'herbe,
ensuite l'épi, puis le grain qui remplit l'épi (1). » Et
aussi, quand l'homme prie ou sème tout autre grain de la
vie spirituelle, qu'il y pense ou qu'il l'ignore, qu'il s'en oc-
cupe ou qu'il l'oublie, son acte se réalise sans qu'il sache
comment, et produit son épi dans les sphères de l'absolu.
En physique, on étudie les effets pour remonter à la cause,
puis l'on produit des effets par la cause que l'on connaît:
dans l'ordre moral, la cause est en nous par la prière.
   L'assujétissement des forces physiologiques à l'être spiri—

 (t) Evangel. secand. Marcum; Caput. IV, v. 26, a;, a8.