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394 VOYAGE A VIENNE. ces de VAutriche du présent, comme on écrit, on a peine à croire que la réforme polilique soit proche en ce pays. Le vieux ministre n'est pas si vaincu qu'il n'ait plus qu'à accep- ter, dans sa capitale, la victoire en train qu'on lui dénonce avec un peu d'outrecuidance. L'état actuel de ce pays, bien qu'il se désappuye par les bords, est encore sauvegardé, au centre, par l'attachement profond et réel des sujets natu- rels pour cette vieille race de monarques aimés. Il l'est aussi par l'action douce, dans de certaines limites, du gouverne- ment, et par le bien-être matériel de ces populations cen- trales. Il l'est encore par les entraves que se créent ces esprits avancés qui s'enchevêtrent dans les systèmes et abou- tissent difficilement à quelque chose de consistant et à l'ex- trême conclusion. L'Autriche actuelle trouve la cause de son ébranlement lointain dans son agrandissement contre nature, et c'est la peine justement infligée à son ambition : elle ressemble à la tour de St-Stephen qui penche pour avoir voulu trop s'élever; qui a perdu son aplomb dans l'espace; mais qui est pourtant retenue par sa vieille nervure intérieure ; qui plonge encore profondément, par sa base, dans la terre vien- noise, tandis que son sommet s'illumine du dernier rayon du soleil. Aimé ROYET.