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VOYAGE A VIENNE. 393 une bonne volonté qu'il n'a pas, les réformes seraient encore longtemps portées, faute de s'entendre, avant d'arriver à terme. En général, ceux qui désirent et invoquent les amé- liorations politiques, dans toutes ces contrées, sont gens d'u- niversités, d'académies, de facultés et d'écoles, qui ne sont pas prompts à tirer le fait de la pensée. Les professeurs d'es- thétique peuvent être des semeurs de progrès; mais ils ne sont guère ardents à la récolte. Ils se tiennent pour satisfaits du triomphe latent de l'idée qu'ils ont fait entrer dans les esprits, et n'ont pas grande hâte de lui faire prendre corps dans les faits. 11 y a, en Allemagne, de vieux philosophes militants dans les espaces de la pensée, qui ont vécu et meurent à l'état de disciples en révolution, après avoir créé et mis au monde philosophique de dignes élèves, qui rêvasseront et mourront sur leurs traces, géomètres résolvant avec amour de beaux problêmes sociaux dans les régions vides, sans s'occuper trop de leur application rigoureuse dans le monde des corps et des réalités. Avec de tels ouvriers en progrès, avec les résistances dis- simulées, les promesses évasives, les expédients dilatoires des gouvernants, l'œuvre est lente et entravée. M. de Metlernich me paraît avoir le temps de louvoyer, de contreminer, de mettre en jeu toutes ses vieilles cautèles de cour. Les idées de réforme qui se montrent à demi-formées aux bords de l'ho- rizon de cet empire, sont encore loin d'occuper invincible- ment la plaine autour de Vienne comme les armées françai- ses après les batailles d'Essling et de Wagram. Pour tout dire, il n'y a, pour le présent, de vraiment prêt que le Lombard : c'est le fer à mettre au bout de la lance, quand on lèvera la lance. En résumé, quand on observe Vienne, malgré tout ce qu'on a remarqué dans d'autres parties plus avancées de l'ancien empire germanique ou môme dans diverses provin-