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392 VOYAGE A VIENNE. serait sage de reconnaître et de diriger, au lieu de lui faire obstacle obstiné. L'avenir des sociétés modernes est là ; et le vieux glaçon moscovite se trouvera lui-même un jour ramolli sous l'action de ce souffle venu des terres constitutionnelles. Toutefois, malgré cette tendance manifeste, malgré le be- soin d'améliorations qui se fait sentir, et les signes qui se re- marquent, les temps des larges réformes ne sont point encore venus pour l'Autriche. Je ne saurais leur assigner un terme prochain, les ajourner à époque fixe, par exemple à une génération, comme cela a été fait avec une précision rigou- reuse et contestable. Quelque divers et mêlé de nature que soit l'Autrichien, il y a cependant en lui — le Lombard ex- cepté, qui est tout autre, — un fond de commune empreinte germanique ; c'est du germain et du slave, modifié, falsifié, mais c'est encore un filon de ces races. Il y a là ces indéci- sions traînantes, ces lenteurs de réflexion et d'action qui e n - gourdissent la vitalité d'un peuple. L'Autrichien n'arrive enfin au point vif des choses que par une lente déclivité, après avoir marché longtemps d'un pas alourdi dans les brouillards de l'irrésolution, sans aboutir à l'intention ferme et nette, à l'idée aux vives arêtes. Les réformes projetées par ces peuples de sang froid ressemblent à ces aurores boréales qui prolongent sans fin un jour douteux où ne jaillit pas le soleil. Dans ces contrées les pensées de réforme poli- tique s'embarrassent de complications religieuses, de systè- mes philosophiques, de nébulosités méthaphysiques, de tou- tes sortes de prétentions à toutes sortes de profondeurs. Le grand jour est lent à se faire au milieu de ces lueurs crépuscu- laires. De la velléité confuse à l'intention résolue, il y a un monde à traverser. D'ailleurs, cette diversité des races qui est une complication et un embarras pour l'action gouvernemen- tale, sera un obstacle aux améliorations confusément deman- dées sous diverses impulsions. Même en supposant au pouvoir