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VOYAGE A VIENNE. 277 être quelqu'innocent essai et qu'on avait oubliée ensuite. Mais l'imitation et surtout Vappliction nouvelle lui a donné une sorte de vogue, et on dit, en la regardant, que Fieschi n'est pas l'inventeur de l'arme dont il s'est servi.—À la bonne heure: je ne veux pas revendiquer le mérite de Vinvention pour ce grand coupable. Ce qui est bien à lui, c'est le crime qui suffit seul à sa hideuse renommée. L'orient a fourni sa bonne part à cet immense et très cu- rieux musée militaire. Les armes turques, riches et carac- térisées, les sabres recourbés de Damas, les poignards ornés de pierreries, dans leurs gaines brillantes, les fusils aux riches incrustations, les turbans en précieux tissus, les selles aux larges élriers, les étendards surmontés du croissant y éclatent de toutes parts. Beaucoup de ces trophées datent de la délivrance de Vienne par Sobieski. Il y a là , pour san- glant souvenir de ce dernier siège, la tête du visir qui échoua dans cette entreprise. La paix ayant été conclue, le sullan crut qu'il ne pouvait faire un présent plus agréable à l'Au- triche que de lui envoyer, en signe d'alliance, la (été de celui qui la fit trembler et fut sur le point de s'emparer de sa capitale. Ce sont là les cadeaux diplomatiques de la Sublime Porte! On a beau détourner les yeux d'horreur et de dégoût, on rencontre toujours celte horrible tête grimaçante qui exprime le dernier paroxisme de la strangulation. Le glo- rieux sullan a eu soin d'y joindre, comme pièce de conviction, le fatal lacet, ce léger et soyeux instrument, aux signifleations diverses, selon les lieux, et dont on ne saurait dire s'il vient de serrer le corset d'une femme ou le cou d'un visir! Quelque vaste et curieux que soit cet arsenal, il y a encore à Vienne bien d'autres collections très remarquables à litres divers; car je le répète, après Strauss et la valse, la collection est ce que l'Autrichien aime le plus. Il ramasse, il coltecle tout : la perle, le grain de mil, et jusqu'au moindre