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278 VOYAGE A VIENNE. ducaton. Dans le rez-de-chaussée du vaste et beau château appelé le Belvédère, qui fut habité, et, je crois aussi, cons- truit par le prince Eugène de Savoie-Carignan, — cet habile général, qui ne put pas obtenir un régiment de Louis XIV, et que l'Allemagne employa si utilement contre la France,— se trouve la belle collection dite d'im&ras. Elle fut rassem- blée dans le château de ce nom, en Tyrol, par l'archiduc Ferdinand, fils de Ferdinand 1er, d'Allemagne, vers la fin du XVIe siècle. Je ne tenterai point de donner une idée des curiosités sans nombre qu'elle renferme. Ce sont les précieux miscellanées du moyen-âge autrichien, dans les plus larges proportions : les généalogies et portraits de l'antique maison d'Habsbourg; puis les charmants et capricieux travaux de fine sculpture sur bois et sur ivoire que le moyen-âge accomplissait avec amour durant les longs loisirs de la vie claustrale et féodale. C'est une grande réunion de ces curio- sités que longtemps, en France, nous avons laissées dédaigneu- sement dans l'arrière-boutique du marchand de gothicilés et chinoiseries où nous allons aujourd'hui les rechercher à grand prix. Là encore sont de belles armures du moyen-âge. Trois d'entre elles ont été portées par Charles-Quint, à différentes époques de sa vie. Elles témoignent de la pro- gression physique du grand empereur, et donnent l'idf'e d'une forte poitrine et de vastes épaules d'Atlas, faites pour porter le monde! J'ai observé que ces cuirasses annoncent toutes de fortes natures d'hommes. Peut-être aussi, comme elles se trans- mettaient dans les familles, élail-on obligé de prévoir le dé- veloppement abdominal, qui devait être le résultat du long exercice du cheval parmi ces races de bataillards. La plus belle de ces magnifiques panoplies porte le nom d'Alexandre Farnèse. Elle est d'un prodigieux travail de gravure, sculp- ture et damasquinure. C'est l'œuvre admirable d'un de ces