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VOYAGE A VIENNE. 271 naire, cet être bien nommé qui met Vaction au bout de la pensée ! El d'ailleurs ne faut-il pas sortir son plein et entier effet, jusqu'aux extrêmes conséquences, lorsqu'on est Danube, comme dit le poète! Et ce beau fleuve, ce roi des fleuves d'Europe, au cours immense, sinueux, pittoresque, qui vient de loin et va plus loin encore, marchant à son but certain, sans s'effrayer des hautes cimes qui lui barrent le passage, ce fleuve imposant, fidèle au mot d'ordre qui le guide, s'est complu à former à Vienne, en passant, la plus belle promenade du monde. Avec cette grâce de la force qui joue, il a choisi au plus charmant de ses bords, d'immenses prairies, bien verdoyantes et bien ombreuses; il lésa arrosées avec soin , le bon fleuve, voulant qu'il y eut des fleurs là où viendraient les petits enfants ; et jetant çà et là ses bras avec amour, il a dessiné une immense et riche corbeille de verdure, il a fait le Prater, avec sa puissante végétation, ses hauts ombrages et ses vastes tapis de gazon émaillé. Le Viennois a fait le reste pour compléter cet Eden : il a jeté çà et là , dans les bosquets, des troupeaux de cerfs et de daims; il a planté de longues allées, tantôt droites et tantôt sinueuses, pour les promeneurs à cheval, en voiture ou en traîneau, selon la saison. Enfin , il s'est bien gardé d'oublier la riante guinguette, qui tantôt se montre en plein soleil , dans ses plus grandes proportions, tantôt, avec des formes plus variées et plus coquettes, se cache, pour qu'on la cherche , au plus épais des bois. Je ne connais rien à Paris qui puisse donner une idée de cette promenade fameuse, incomparable! Mislress Troloppe dit qu'on pourrait réunir plusieurs des beaux parcs de Londres et les jardins de Kinsington sans atteindre son immensité. Les promeneurs ne sont point ingrats envers cette belle promenade et ne lui manquent pas. Il m'a paru cependant qu'il y avait infiniment moins de voitures ef de cavaliers qu'à Paris et à Londres, ce