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                           DE LA FOI.                        215
 porte tout ce qu'il y a de généreux et de divin en nous, l'autre
 tout ce qui s'y ramasse d'égoïste et de mortel. L'héroïsme et
 l'amour viennent sur les traces de la première ; sur les trace*
 de la seconde, on voit marcher le bon sens. Mais que l'homme
 aille du pas de l'une, il n'est bientôt qu'un noblefou, et qu'il
 se mette au pas de l'autre, il ne devient qu'un méchant expé-
 rimenté. Ou seront donc les fruits de l'âge? Les âmes ar-
 dentes doivent-elles être changées en esprits froids? Tant
d'élans généreux du cœur seraient-ils donc rejelés pour l'ex-
périence vulgaire?
    Ah ! c'est que ni l'imagination, ni l'expérience nesont la Sa-
gesse; la première devait en allumer le flambeau, la seconde
devait le tenir. Or, voilà que l'une n'allume souvent que la
folie,tandis que l'autre court éteindre tout ce qu'elle voit bril-
ler dans l'âme. Les hommes d'imagination sont ceux dont le
cœur eut besoin de bonne heure de merveilles et d'enchan-
tements ! les facultés ne nous viennent que suivant les dispo-
sitions de notre ame. Mais les hommes dont la prudence
fut de prime abord l'apanage , sont toujours ceux dont le
moi était formé avant le cœur. La cause de ces deux alternati-
ves dangereuses, où nous tombons aujourd'hui , se devine
aisément.
    N'étant appelé en celle vie que pour attendrir son cœur et
former sa personnalité, l'homme y est attendu dans le che-
min des déceptions. Il faut qu'il perde, une à une, toutes les
parties de son être, pour qu'il se les refasse toutes, une à
une, de lui-même. Il ne sera pas un seul point de son cœur
où il n'ait senti l'inanité des espérances et des affections
humaines ! L'ame descend d'abord du Ciel comme un flambeau
tout allumé : il faut que son amour puisse tenir au grand
souffle de l'existence S Le temps n'est donné à l'être que pour
qu'il fasse preuve de vie avant d'entrer dans l'absolu. De là
tant d'efforts perdus, de nobles intentions inutiles, d'espé-