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216 DE LA FOI. rances anéanties et de sentiments méconnus ! Ah ! pas un seul jour, une seul heure, qui ait été donnée en vain ! Mais il ne faut pas que l'homme vienne à oublier ce secret de la vie.... Car, dès qu'il place ici-bas son idée du bonheur, au lieu de se détacher de la vie par les constantes amertumes, il ne s'y rattache que davantage en ce qu'il l'a refaite selon lui. L'affai- blissement de la foi produit malheureusement cette révolution en sens inverse. L'imagination pousse l'homme dans la mêlée, et puis l'expérience l'en ramène; ni l'une ni l'autre ne le conduit au triomphe. La poésie et le bon sens n'entrant point ensemble par les deux portes de l'âme, la Sagesse ne l'habiîe plus. Car la divine Sagesse n'est au dessus de tous les biens, que parce qu'en son or précieux se sont fondus et l'amour et l'expérience ! Il ne faut pas s'étonner si les hommes après s'êlre placés au point de vue du relatif, n'ont plus compris cette vie ! Ils ont dû sur chaque chose élever cette question, que les mères elles-mêmes ont répétée à leurs fils : Ceci donne-t-il du pain? Enthousiasmes, nobles élans, sentiments magnanimes, tout a paru de trop dans l'âme. Ils ont cru que le fond de la vie était bien loin de ces pressentiments, et que la sagesse secrète consistait à les étouffer. Il n'y a rien à étouffer dans l'âme ! ni les extases de l'en- thousiasme, ni les promesses de l'espérance, ni aucun des élans du cœur, ni tant de transports inconnus ! Laissez tout cela remonter vers Dieu, et non pas retomber sur la terre. L'imagination, cette faculté du merveilleux, n'est que la fa- culté de l'infini. Qu'elle rencontre la Foi en nous, l'âme par- tira avec elle dans ces hauts domaines où l'expérience n'entre pas. Mais que la foi ait disparu, l'imagination se retournant vers la terre, la couvre tout d'abord d'un torrent de feu, et bientôt y engage une lutte inégale, jusqu'à ce que l'om-