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214 DE LA FOI. égoïsme, qu'il se préfère à celui de Dieu. Mais l'homme ne vit pas de l'homme, et son cœur ne tarde pas à souffrir. CHAPITRE XXIV. DE LA SUBSTITUTION DANS L'HOMME DE L'ESPRIT A LA FOI. L'esprit a amené de grands maux dans le cœur. Cette subs- titution de la foi, opérée depuis un siècle, a produit de sin- guliers effets sur la nature humaine. Il est rare que les hommes doués ne commencent par l'ex- trême imagination, et ne finissent par l'extrême expérience. Le cœur, aujourd'hui, est alternativement jeté sur l'extrémité des deux pôles! L'imagination sera toujours cette faculté qui trempât ses pinceaux dans le ciel avant de venir sur la terre ; et l'expérience, ce jugement exclusivemenl tiré des événe- ments de la vie. Il ne faut pas être étonné si les hommes emportés le plus loin par leurs rêves, se sont fait d'autant plus les prisonniers du bon sens. Ils savent assez ce qu'ils ont eu à refouler des élans de leur cœur sous les trisles niveaux de l'expérience, pour ne la pas juger d'un prix infini ! Ah ! l'âge qu'a-t-il fait de Werther et de René? Goethe, celle vive personnifi- cation de l'état d'âme de la fin du siècle dernier et de l'aurore du nôtre, laissera de ce fait un exemple bien mémorable. Dans l'avenir, il faut attendre mieux de la nature hu- maine. Ces deux hôtes en nous, qui se tournent constamment le dos, l'imagination et l'expérience, sont inséparables : l'une regarde du côté du Ciel, l'autre du côté de la terre; l'une