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DE LA FOI. 209 fait-il que les autres a force d'étudier tombent dans le scep- ticisme! La logique tend sans cesse à renfermer l'homme dans les limites de son esprit. Il faut, au contraire, que l'hom- me sorte sans cesse de ses bornes; il faut que sa pensée s'ouvre avec les choses, et non point que les choses vien- nent s'enfermer en elle. Il suffît d'élever l'homme de bonne heure au raisonnement pour qu'il soit perdu pour la vérité. L'Enseignement en est une preuve. On sait bien que la raison a d'autant plus besoin de se- cours logiques que son étendue même nous échappe, et qu'en quelle que sorte elle nous manque à nous-môme. C'est donc parce que les idées nous manquent qu'on y supplée par la lo- gique. Ce moyen artificiel de faire arriver la lumière de la raison sur des objets où nous ne la trouvons pas, a donc pour but de l'étendre et non point de la resserrer. La vue intuitive, qui est Je regard direct de la raison, est supérieure à la vue logique, qui n'en est que le regard oblique et quelquefois détourné. Il ne faut pas que le syllogisme ôte à la raison sa propre vue. Il faudrait conduire la logique à quelque chose de plus qu'elle n'est. Par la logique, Aristote a pu donner les formes de la raison en tant qu'elle étudiait la nature. Je crois ces formes insuffisantes à la raison en tant qu'elle étudie l'Infini. L'inspiration et l'intuition n'ont point encore reçu les leurs. Le monde intelligible réclame une logique qni n'est plus celle dont s'est pourvue l'intelligence dans l'antiquité, alors exclu- sivement préoccupée du monde sensible. C'est pourquoi la logique paraît aujourd'hui si courte et si mal venue au milieu de la Foi. Il est des difficultés qui sont au dessus de la logique pré- sente, mais non point au dessus de la raison. Tout un ordre de vérités, pour être au dessus de l'intelligence, n'est pas au dessus de la raison ; c'est pourquoi il faut prendre garde 14