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210                        DE LA FOI.

d'enfermer celle-ci dans l'autre. Or, c'est par là que d é -
bute l'esprit; vous pouvez hardiment lui demander compte
de tout ce qu'il y a de petit dans la pensée humaine et
d'étroit dans les conceptions. Ce n'est qu'en échappant aux
formules de la logique qu'on pourra trouver ces vrais secours
de la raison, dont parlèrent Hooker et Leibnilz. Non que la
logique doive se perdre : tout l'ordre scientifique est là pour
la réclamer; mais elle ne peut restreindre aux limites anti-
ques les ressources de l'esprit humain.
    Je vois les formes du raisonnement, mais non point celle
de la raison. Où sont les formes de la notion du bien, où
sont les formes de la notion du beau, du divin ! Je vois une
logique pour entrer dans le relatif; où est la logique de l'ab-
solu? Àristole ne l'a point faite. Il faut pousser la logique
dans la seconde partie de la raison; cette partie qui en est la
 source et dont Aristote ne s'est pas occupé.
    La logique sert à délier l'extrémité des idées et à les pré-
 parer pour l'application. Les Codes se font ainsi. Mais quand
la logique veut remonter dans le haut de la pensée, elle n'y
 fait pas merveille. Le travail de la logique n'est point fait pour
 monter, mais pour redescendre; d'ordinaire, on lui fournit le
 principe, et elle en fait découler les conséquences. Souvent
 ceux qui se servent le plus de la logique en ont le moins
 connu les bornes !
   Par le raisonnement, l'homme ne trouve que ce qu'il n'a
pas perdu. C'est la vérité de son cœur qui le met sur la vérité
de ses pensées. Ce n'est point par une grande force d'intelli-
gence qu'on s'élève aux plus grandes idées ; sinon les peuples
en seraient dépourvus. On a cru le raisonnement très fort;
c'est la pensée des esprits privés de profondeur. De là est
venu qu'après lui avoir tant demandé, lassés de ses vaines
promesses, beaucoup d'hommes ont perdu la confiance qu'ils
avaient en la vérité.