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18 EXCURSION DANS LE MIDI. des Italiens notre Canebière ! s'écria M. J. M*** avec un en- thousiasme tout marseillais ; s'ils avaient pour horizon les eaux bleues de notre golfe et notre beau soleil nageant dans l'azur comme un sultan d'Orient dans son bain ; s'ils avaient nos nuits avec leurs douces brises et leurs étoiles scintillantes dans le ciel, comme des diamants dans leur écrin ; s'ils avaient tout cela, vos Parisiens, quand ils se seraient pro- menés (ont le jour, ils oublîraient de rentrer chez eux le soir. — Cela leur est bien arrivé quelquefois sans Canebière, inlerrompis-je. Un sourire malin qui glissa sur les lèvres du Marseillais, me donna lieu de croire qu'en homme qui connaissait parfaite- ment les localités il remplaçait dans sa pensée la Canebière par la rue Lepellelier, son ciel d'Orient par les ciels de car- ton de l'Opéra et les étoiles scintillantes par les aimables rats de l'Académie royale de musique. Comme ces dames n'avaient pas à se plaindre d'un pareil rapprochement, je ne réclamai pas pour elles. — Puisque vous voilà dans de si belles dispositions, reprit M. J. M***, je renverrai ma voiture. Les voilures ont été inven- tées en haine de la flânerie et des flâneurs. Nous quittâmes l'hôtel, nous dirigeant pédestremenl vers la porte d'Aix. L'are de triomphe, placé à l'entrée de la rue d'Aix,domine majestueusement celte rue ainsi que le Cours qui vient à la suile, la rue de Rome terminée par un obélisque. La voie est large ; des deux côlés s'élèvenl de hautes et vastes maisons tirées au cordeau. Tout ici respire la grande ville. Cependant celle longue enfilade de maisons n'offre pas le magnifique as- pect qu'avait rêvé, dans son ame de peintre et de poète, le Michel-Ange marseillais. Le Cours n'est ni aussi long ni aussi large qu'il devrait l'être. Les façades des maisons d'une phy- sionomie bourgeoise ne présentent pas ces nobles et élégants portiques qui auraient rappelé ceux des palais de Gênes et de Florence. Soit envie, soit ignorance, soit lésinerie munici-