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4"/(i rnaine (Lordat), dans ses rapports les plus complets, a fen- du, comme l'histoire le témoigne, en dehors de ses applica- tions usuelles ou médicales d'importants services à la cause de l'humanité. Il est juste, et cependant on ne l'a point fait encore, de considérer les développements de la science mé- dicale comme un puissant levier de civilisation. On a beau- coup disserté sur l'influence que telle doctrine philosophique, telle forme de gouvernement, tel événement, tel génie par- ticulier ont exercé sur la marche progressive des peuples ; et pour ces destinées on n'a fait nulle part aux vérités nom- breuses que la science physiologique a fait éclore, qu'elle a développées dans le silence et jetées ensuite au monde comme d'irrésistibles arguments. C'est ainsi qu'elle a préparé bien des réhabilitations, qu'elle a protesté contre des erreurs pré- judiciables au bien être matériel et moral des populations. Pour ne citer qu'un exemple je parlerai du moyen-âge. À cette époque les maladies nerveuses étaient la source de su- perstitions très dangereuses (1). C'est la médecine qui a mis un frein aux ensorcellements et aux possessions, en démon- trant que tous les phénomènes réputés diaboliques étaient les effets naturels d'une maladie nerveuse, et non le résultat d'une influence exercée par le monde spirituel, et en appre- nant à les guérir par des moyens naturels. C'est ainsi qu'elle a éteint les bûchers et a mis un terme aux procédures contre (1) t a postérité doit toute sa reconnaissance à l'excellent médecin Jean Wyer qui seul opposa les armes de la raison aux préjugés destructeurs de son siècle (XVIe). Il écrivit sur les prestiges des démons un livre remarqua- ble; dans les épîlres dédicatoires, il s'adresse à l'empereur et le supplie de ne point faire couler le sang innocent des sorciers. Les possédées ne sont, selon lui, que des femmes hystériques ou mélancoliques dont l'esprit est aliéné.. Il faut joindre, aux efforts de Wyer, ceux du célèbre Zacchias, premier médecin légiste, de Jean-Baptiste Porta, esprits fermes et éclairés pour leur époque, (toy. Kurt Sprengel. Hisl. Med. t. III. p. 258 et suiv.)