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398 force étrangère. J'hésite à parler ici de la Restauration ; mais, après tout, je pense que ses amis, même les plus fi- dèles, regretteront qu'elle n'ait pas transigé avec les idées d o n t la presse était l'organe. Divers essais malheureuse- m e n t a b a n d o n n é s ont m o n t r é que cette transaction était possible, et que dans cette voie le m o n a r q u e qui avait ouvert son règne par ces mots : Plus de censure, aurait vécu en paix avec cette puissance du temps, ou du moins aurait été inviolable devant elle. T r è s certainement, l'adhésion du pays et l'appui de l'opi- n i o n publique sont les meilleures garanties de la durée d ' u n pouvoir ; tout g o u v e r n e m e n t qui ne sait pas les ac- quérir ou les conserver n'a qu'une existence fragile. Ce sont là des vérités banales, des lieux communs. Mais l'es- prit public d'une grande nation n'est pas une cire m o l l e , sur laquelle il soit d o n n é au premier essayant de faire une empreinte. O n conçoit q u ' u n e minorité a r d e n t e , active, ayant à son service des h o m m e s de talent, p o u r r a multi- plier ses journaux ; niais on a beau parler haut et souvent, le petit n o m b r e n'est toujours que le petit n o m b r e . P o u r la grande masse, il faut des causes d'incompatibilité réelles, générales, p r o f o n d e s , accumulées, fermentant d u r a n t de longues années, p o u r éclater en un fait aussi grave q u ' u n e révolution politique. La presse peut bien constater ces cau- ses, q u a n d elles existent, mais non les produire. E t le gou- v e r n e m e n t constitutionnel résiste encore plus que tous les autres, précisément parce qu'il admet et régularise les v a - riations nécessaires de l'opinion et les changements qu'elles appellent dans la direction des affaires, dans la législa- tion et dans l'administration.